Alors qu’elle décrit une enfance heureuse et dorée, Caroline Valentiny sombre vers 17 ans dans l’anorexie mentale.
Il s’agit d’un des troubles du comportement alimentaire les plus connus. Elle se caractérise par une restriction des apports alimentaires conduisant à une perte importante de poids associée à une peur intense de prendre du poids. La personne souffrant d’anorexie mentale a le sentiment d’être toujours en surpoids et cherche à maigrir par tous les moyens.
Après plusieurs années de lutte, et désormais guérie, Caroline Valentiny est conférencière, professeure de langue, titulaire d’un master en psychologie et psychologue au sein de l’Université catholique de Louvain.
Dans un premier temps, je vous laisse saisir la quintessence de son témoignage, authentique et digne. Puis je vous présenterai ses différents ouvrages. Enfin, je vous résumerai le message d’espoir qu’elle porte, et qui contribue à dé stigmatiser les maladies « dites » mentales.
La guérison psychique relatée par Caroline Valentiny
Comme une bonne vidéo vaut mieux qu’un long discours, je vous invite à écouter le témoignage vibrant de Caroline,
Les livres de Caroline Valentiny
Elle est auteure de 4 livres,
📔Le premier écrit en 2009 dans lequel elle relate sa douloureuse descente aux enfers dans l’anorexie : « le jour où ma tête est tombée dans un trou « .
Voici une courte présentation,
« C’est l’histoire d’une vie qui bascule à la fin de l’adolescence. Sans que rien ne le laisse prévoir, une jeune fille se retrouve prisonnière d’un univers mental éclaté, en proie à de profondes et violentes crises d’angoisse. Ce jour là, littéralement, sa tête tombe dans l’abîme, la peur s’accompagne de voix, puis de tendances à l’anorexie et à l’automutilation. C’est sa lente descente aux enfers que décrit ici Caroline Valentiny, avec justesse et sensibilité, tout en faisant écho à la détresse et à l’impuissance de ses proches. Comment réussira-t-elle à rassembler ses morceaux épars, à rejoindre les autres ? Soutien inconditionnel de l’entourage et thérapie personnalisée seront alors déterminants pour sortir du tunnel de l’angoisse…«
📕En 2015, elle publie « Voyage au bord du vide « , ouvrage qui incorpore le premier récit, et offre ensuite un échange dans une postface à deux voix, avec Gabriel Ringlet, écrivain et théologien, en partagent quelques traces, à la lisière de l’intime et de l’universel, en interrogeant nos fêlures dans ce qu’elles ont de plus aride et de plus lumineux.
📘Puis en 2019 elle co-écrit avec Jérôme Englebert un livre en psychologie clinique, « schizophrénie, conscience de soi et intersubjectivité « . Ce livre décrit une approche clinique et contemporaine de la schizophrénie exploitant une perspective inédite qui se focalise sur le rapport que le sujet entretient à lui-même, aux autres et à son environnement.
📚Son dernier ouvrage est un roman paru en 2020 et s’intitule « il fait bleu sous les tombes «
« Enfant, lorsqu’il était en vie, il se couchait dans l’herbe, le soir, pour observer le ciel. Aujourd’hui, depuis son carré d’herbe étanche à la lumière, il a beau plisser les yeux, il ne peut plus rien voir. » Jusqu’il y a peu, Alexis était vivant. A présent, il ne sait plus. Il perçoit encore la vie alentour, le bruissement des feuilles, le pas des visiteurs, et celui, sautillant, de sa petite sœur qui vient le visiter en cachette.
Il se sent plutôt bien, mais que fait-il là ? Il ne sait plus. Ses proches n’y comprennent rien non plus. Quel est le mystère d’Alexis ? Qu’a-t-il voulu cacher à en mourir ? »
Caroline Valentiny explore le clair-obscur de l’existence dans un premier roman d’une subtilité et d’une douceur impressionnantes. Lire quelques pages du livre.
Les messages de Caroline Valentiny
La descente dans l’enfer de l’anorexie
Caroline mentionne ne pas avoir identifié de facteurs déclencheurs de l’anorexie mentale. Elle décrit avoir eu une enfance dorée, des parents aimants, une fratrie solidaire.
Puis elle a ressenti comme une fracture intérieure, et s’est sentie assiégée petit à petit par des pensées envahissantes. Elle n’avait pas le contrôle de cela. Elle a perdu progressivement le lien avec tout ce qui l’entourait.
Il lui a fallu 5 à 6 ans de lente dégradation avant qu’elle ressente la nécessité de prendre le chemin des soins. Une psychologue à Bruxelles qu’elle apprécie beaucoup la prend en charge une fois par semaine pendant deux ans. Mais la maladie est sévère et le temps de soin insuffisant. Elle cite :
« Je pense que les symptômes partent quand l’individu se redéploie, quand l’être retrouve sa place. »
Les médicaments prescrits par le psychiatre ne l’aident pas.
Ensuite, elle est hospitalisée. La prise en charge initiale est surtout médicamenteuse. Elle voit la psychiatre 15 minutes deux fois par semaine. Puis on lui propose d’induire le sommeil afin d’empêcher la survenue des pensées destructrices. Mais dormir n’a pas régler les problèmes qu’elle avait. Au bout de 9 mois, en l’absence d’amélioration, une sismothérapie (=électrochocs) lui a été indiquée. Il n’y a pas eu d’amélioration.
Raccrocher la vie
Elle change d’hôpital dans lequel les sorties sont autorisées. Au cours d’une sortie, elle trouve le livre (écrit en anglais) de Peggy Claude Pierre : le langage secret des troubles alimentaires
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💫Cette façon de voir l’anorexie, la fragmentation décrite, le fait de combattre la négativité qui envahit l’individu malade sont des notions qui font immédiatement écho pour Caroline. Il faut re-nourrir l’être intérieur et affamer la négativité.
Elle part donc pour la clinique dirigée par Peggy Claude Pierre au Canada (clinique fermée depuis).
Caroline explique qu’il est important de se laisser ré imprégner de vie, ponctuée de moments réparateurs. Progressivement, elle se ré intègre dans le fonctionnement social. Elle reste quelques années au Canada puis rentre ensuite en Belgique en 2005. Elle continue à reprendre confiance en la vie, trouve du travail comme professeur dans une école de langues. En parallèle, elle reprend des études et en 2014, elle obtient le diplôme de psychologue.
Le rôle clé des ressources humaines en psychiatrie
Elle explique très bien que les médicaments ne remplacent en aucun cas le travail de psychothérapie, permettant de faire ce chemin d’appropriation d’une parole : comment « mon être s’incarne dans ma vie ».
En ce sens, le suivi psychiatrique uniquement médicamenteux occasionne une perte de chance par rapport au suivi incluant des entretiens psychologiques longs. C’est aussi l’avis de Solange Cook Darzens qui l’expose clairement dans son livre Approches familiales des troubles du comportement alimentaire.
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Sur l’aspect médicamenteux, Caroline explique si l’objectif du médicament est de calmer la souffrance, il joue un peu le rôle d’un pansement sur une plaie béante. Il est nécessaire de réparer la blessure avant. Pour cela, Il faut être accompagné humainement. En ce sens, s’il y a moins de médicaments, il faut plus de ressources humaines.
Le soutien et l’accompagnement de sa famille ont été fondamentaux. Ils ont continué à la regarder comme la personne qu’ils connaissaient et qu’ils aimaient, elle n’était pas qu’une personne malade.
Elle conclue et souligne l’importance de partager une parole d’espoir, et le fait d’avoir traversé cette maladie « dite » mentale mais qui a des répercussions très importantes sur tout le corps.
Elle n’a pas honte de cela. Pour elle, témoigner contribue à lever la stigmatisation sur les maladies dites mentales. Il existe un chemin de guérison possible pour chacun(e). Il est important de reconnaître rapidement le trouble alimentaire, et de s’engager dans des soins adaptés et pluridisciplinaires.
très intéressant de découvrir son parcours et la lutte contre la maladie!