Témoignage de Claire : Exit boulimie et reconversion professionnelle

Dans cet article, je vous présente le parcours de Claire Castagne, qui a souffert de troubles du comportement alimentaire pendant plus de 10 ans.

Elle a connu l’enfer de la boulimie (non vomitive mais, avec autres comportements compensatoires) puis des compulsions alimentaires.

Découvrez ci dessous son parcours, comment elle s’en est sortie, et a redonné une nouvelle orientation à sa vie professionnelle.

CLAIRE : bonjour à tous je suis ravie d’être là, merci à toi pour l’invitation

EMMA : Claire, je te laisse présenter, tu feras cela beaucoup mieux que moi .

CLAIRE : je suis Claire Castagne du blog « heureuxcoach.fr  » et la raison de ma présence ici est double. C’est d’abord que j’ai moi même été victime de troubles du comportement alimentaire pendant plus de dix ans principalement boulimie hyperphagie et puis aussi parce que je suis par la suite (donc j’en ai guéri il y a des années maintenant) et je me suis reconvertie pour aider d’autres personnes en tant que coach à en guérir, à guérir des compulsions alimentaires.

Le parcours de Claire et la genèse des troubles alimentaires

EMMA : je vais revenir un peu sur ton parcours avec les troubles alimentaires de façon un peu plus précise : donc tu as souffert de boulimie et de compulsions. Je ne sais pas si c’était en même temps, est -ce que tu peux nous en parler un peu ? de ton histoire, quand est-ce que ça a commencé, vers quel âge ?

CLAIRE : je pense que comme beaucoup d’autres personnes à l’adolescence donc vers peut-être 16 ans. Je me souviens particulièrement d’une remarque anodine en apparence de mon médecin généraliste sur mon poids qui m’a dit : « tu n’es ni grosse ni maigre » et mon cerveau a interprété : tu n’es pas maigre, donc tu es grosse.

Absurde mais cela a été comme le détonateur d’un terrain fertile où en fait j’avais besoin peut-être d’évacuer une certaine pression, une histoire difficile, par une addiction qui a été finalement la nourriture dans mon cas : un refuge où j’ai commencé à manger des grandes quantités de biscuits, de choses sucrées mais surtout de manière incontrôlée. C’est ça pour moi qui caractérise le trouble, c’est la perte de contrôle et le sentiment de culpabilité.

Donc voilà comment ça a commencé, à l’adolescence. Et puis, même si je pensais le cacher puisque ça se fait en cachette car on se sent coupable et honteux (donc je m’enfermais dans ma chambre je m’isolais), ma famille donc mes grands parents qui m’ont élevée n’étaient pas dupes, mais il ont eu la délicatesse de ne pas….peut-être de faire comme si, parce que ça aurait été trop douloureux pour moi d’être confrontée la majeure partie du temps. Mais voilà, disons que c’est un fardeau que l’on porte beaucoup seul, je trouve.

EMMA : Et donc avais-tu des crises de vomissements également ?

La boulimie se définit par (l’ingestion incontrôlée de grandes quantités d’aliment d’aliments suivie) des crises éliminatoires, en général des vomissements. Après il peut y avoir d’autres comportements telle que l’activité physique ou d’autres moyens d’éliminer.

CLAIRE : voilà en fait la différence entre la boulimie et l’hyperphagie c’est que dans la boulimie, on va chercher à compenser pour limiter la prise de poids même si c’est super mauvais pour la santé et que c’est souvent pas non plus efficace, je tiens à le préciser. Dans mon cas je n’ai pas jamais réussi à me faire vomir donc j’utilisais des laxatifs. Et puis par périodes, c’était avec du jeûne ou du sport : j’ai toujours été très sportive donc forcément avec mon trouble, la démarche du sport, ça a été aussi en plus d’être un plaisir, de me dire : je vais limiter les dégâts mais bon ça ne m’a pas empêché de prendre beaucoup de poids (je crois que j’ai dû arriver à plus de 90 kg au sommet de ce trouble et d’une dépression à l’époque).

EMMA : donc finalement tu identifierais le mal-être et l’état de dépression qui seraient antérieurs à l’épisode de boulimie ou c’est venu en même temps ?

CLAIRE : en fait, je pense pas qu’il n’y a pas une cause unique, je pense que c’est vraiment multifactoriel. De mon expérience, je pense qu’il y a beaucoup un terrain d’hypersensibilité. Il n’y a pas forcément un traumatisme, parfois on accuse la famille et tout, mais dans mon cas j’ai été aimée par mes grands parents (qui m’ont élevée). Après, voilà j’ai une histoire familiale est un peu hors norme puisque justement je n’ai pas été élevée par mes parents donc ça a été douloureux pour moi. Maintenant est-ce que c’est ça la cause je pense pas qu’il y ait une cause unique.

Je pense qu’il y a aussi le contexte social pour les femmes qui nous demande d’être minces, pour nous sentir belles et aussi le fait que, à cette époque à l’adolescence, j’ai testé des régimes comme je pense beaucoup de femmes et c’est ça, plus ça, plus ça, qui a fait que… et on se retrouve piégée : mon analyse et le fait que j’ai réussi à en guérir c’est de dire : en fait la compulsion arrive parce qu’il y a restriction. Même si c’est pas une restriction réelle où on va quand même manger beaucoup. En fait ça va être dans notre tête, on aura catégorisé les aliments : il y a des bons aliments, il y a des mauvais aliments, je dois manger à telle heure ou pas à telle heure ou de telle façon…

Et on est des humains, on n’est pas des robots donc s’il y a le déclencheur : mettons, je me dis le chocolat c’est interdit ça va me faire grossir. Dans un contexte par exemple au restaurant avec le café s’il y a un petit chocolat, je vais le manger, et là, ça y est, dans ma tête je vais vriller : je vais me dire, ça y est, c’est foutu j’ai mangé un chocolat.

Et donc je vais faire une fixation sur le chocolat : je vais partir m’en acheter pour faire une crise le soir. Voilà un exemple et puis le lendemain, je vais m’en vouloir je vais me restreindre et c’est une boucle sans fin.

En fait tant qu’on est coincé dans ce schéma de restrictions, on va continuer à faire des compulsions.

EMMA : on sent vraiment du vécu parce que je me forme en ce moment sur les troubles du comportement alimentaire et c’est très bien expliqué (comme comme tu l’expliques) : on sent vraiment que ça a été vécu dans ta chair.

La restriction peut-être seulement mentale : on met le doigt dans un engrenage qui peut être une spirale infernale vraiment.

CLAIRE : exactement et on a tendance à prendre le problème à l’envers quand on est le nez dedans, ce qui est normal, on ne s’en rend pas compte.

On pense que le problème c’est la compulsion donc on cherche à restreindre et plus on résiste, plus on va craquer.

En fait la restriction, c’est là-dessus qu’il faut agir : il faut se donner la permission inconditionnelle de manger, de se nourrir. Et pour ça, il faut faire un travail en parallèle sur la peur de grossir qui caractérise de nombreux TCA.

Et lorsqu’on arrive (et c’est très difficile) à se libérer de la peur de grossir (en mettant la balance de côté, en se donnant de l’amour inconditionnel, en relativisant une prise de poids, etc…), on commence à s’autoriser à manger, à honorer notre faim.

En tout cas moi, c’est comme ça que j’ai pu guérir : je suis passée par une phase de lâcher prise où on se fait un kiff total parce que, ça y est, on lâche les vannes. Et volontairement, on va s’autoriser des plaisirs, et même de façon thérapeutique.

Puis, on se rend compte que notre corps, notre cerveau, au bout d’un moment, de lui-même, il va dire stop.

Et aujourd’hui, je suis capable d’avoir, je crois que ça fait un mois j’ai un paquet de chamallows dans mon placard pour faire une recette. Et bien, j’ai pas eu besoin de craquer dessus (en crise). Parce que je me dis : ok si je veux refaire cette recette je me le rachète et ainsi de suite. Et je ne m’interdis plus rien. Donc ça se régule.

EMMA : Et, alors je voudrais savoir : quand ça a commencé, as tu eu du soutien de tes amis ? As tu pu en parler autour de toi à l’époque ?

CLAIRE : très peu, non. Pour moi, c’était vraiment quelque chose de tabou. Donc ma famille proche le savait et, encore que ce n’était pas un sujet de discussion facile, puisque je suis quelqu’un d’assez susceptible.

Donc c’était compliqué, et mes amis, je pense peut-être un ou deux (à qui je me suis confiée).

Mais le problème, c’est que si on a le courage de s’ouvrir à son entourage, on peut être confronté à une incompréhension. Les personnes sont de bonne volonté, elles veulent vous aider la plupart du temps. Mais il peut y avoir des mauvais conseils. On peut te dire : « c’est une question de volonté » par exemple. Ou bien « fais un régime », « fais ci  » ou « fais ça ».

Alors que non, c’est pas ça qu’on a besoin d’entendre. Voilà, donc ça n’encourage pas tellement finalement.

Après, il y a l’entourage médical, donc ça je pense que c’est important aussi .

EMMA : voilà, je voulais en venir là du coup : tu es restée combien de temps avec ce trouble ? J’imagine que tu as pu te rapprocher de professionnels de santé ? Comment ça s’est passé ensuite pour sortir de cet engrenage ?

Les outils de Claire pour guérir de son trouble alimentaire

La prise en charge psychologique : psychologue et thérapie cognitive comportementale

CLAIRE : j’ai eu la chance d’être guidée même jeune, peut-être même avant que mon trouble commence. De part mon histoire familiale, mes grands-parents m’ont fait consulter une psychologue très jeune (à l’adolescence ) et ça a duré quelques années. Et puis, j’ai arrêté, j’ai fini par séché les séances (c’était pas correct, mais bon c’était dur), et j’étais arrivée au bout de quelque chose.

Et puis, c’était pas axé sur le trouble. Puis, j’y suis retournée de moi-même, voir cette même psychologue des années après, pour m’aider à guérir de ma boulimie. Et j’ai entrepris un nouveau travail qui a duré cinq ans qui m’a beaucoup aidée dans plein d’aspects de ma vie, mais pas sur mon trouble alimentaire.

Et, j’ai un peu tout testé : les thérapies cognitivo-comportementales … cela dit, je ne critique pas, je pense que ça peut être efficace et ça m’a aussi aidée.

Dans mon cas personnel, la chose qui m’a vraiment permis d’en guérir après quand même plus de dix ans (c’est extrêmement long) c’est le coaching.

C’est un coaching en ligne, étape par étape, qui m’a fait comprendre ce que j’expliquais : sur la permission inconditionnelle (de manger). Avec des exercices pratiques….

Donc, les solutions peuvent être différentes, mais en tout cas, je sais pas si un manque de formation peut-être de beaucoup de médecins sur le sujet, ou si c’est ma personne.

En tout cas, la thérapie cognitivo- comportementale m’a aidée dans d’autres aspects de ma vie mais pas dans celui-là.

EMMA : et, ce coaching, alors finalement tu l’as fait vers quel âge ? Parce que c’est très intéressant d’entendre cela : le coaching est reconnu par les médecins. Il faut recueillir tous les outils qui te parlent, qui peuvent aider. Donc le coaching n’est pas du tout mis de côté, au contraire.

Après, il faut toujours essayer de (par exemple, si le trouble est sévère : hypokaliémies -chute de potassium dans le sang- suite aux vomissements -ce qui n’était pas ton cas car tu n’as jamais eu des vomissements-) s’entourer de médecins, d’aller consulter à l’hôpital si nécessaire.

Donc, pour revenir aux outils, le coaching est bien mentionné dans les outils qui peuvent aider les gens parce la question de la « perception du soin » par le malade est importante : si elle ne se sent pas jugée par un professionnel de santé -qui normalement ne juge pas, et d’ailleurs la plupart ne juge pas- mais parfois, c’est la perception qu’en a la personne finalement.

Le coaching



Donc ce coaching, tu l’as entrepris vers quel âge?

CLAIRE : vers 30 ans, j’en ai 35 aujourd’hui. Il y a eu d’autres étapes de ma vie juste avant. Je sais plus exactement dans l’ordre, mais j’avais couru un marathon aussi, qui a été une première étape de libération. Puisque pendant toute ma prépa marathon, je me concentrais plus sur l’alimentation comme carburant. Et du coup, je n’ai plus eu de compulsion pendant ces six mois.
Et après c’est revenu, parce que je suis passée à la muscu avec une dimension très physique d’objectifs. Mais du coup, et vers environ 30 ans, j’ai fait ce coaching.

Et, l’avantage justement, c’est que ce programme avait été créé (comme moi je compte le faire) par une personne qui en a elle même souffert. Donc, elle sait de quoi elle parle, elle l’a vécu. Et elle sait aussi comment elle a pu guérir et elle a dégagé des outils. Et c’est pour ça que moi aussi je compte créer mon propre programme de part mon expérience propre, en ajoutant le yoga. Puisque je suis aussi prof de yoga !

Et on en parlait avant l’interview de la dimension corporelle, à quel point c’est important aussi dans la guérison

EMMA : il faut revenir dans son corps en fait, il faut débrancher la tête et pour revenir dans le corps et retrouver les sensations de bien-être.

Il faut que le corps soit son meilleur allié finalement, vecteur d’émotions positives, de bien-être. Il faut savoir en prendre soin et ça c’est vraiment super important .

On va rebondir plus précisément sur ton parcours maintenant que tu es sortie des troubles alimentaires.

Est- ce que tu peux nous parler un petit peu plus de ton quotidien, de tes actions en tant que prof de yoga

Résolution du trouble alimentaire et reconversion profesionnelle

CLAIRE : oui, donc, avec le recul je me dis que justement le fait d’avoir vécu les troubles alimentaires c’était évidemment très difficile mais c’est comme si tout faisait sens maintenant. Puisque j’ai choisi ce thème au début de ma reconversion pour aider d’autres personnes à en guérir aussi à travers des coaching individuels.

Donc je me suis lancée en janvier 2020 avec le blog heureuxcoach.fr. Voilà, c’était le sujet sur lequel je m’estimais le plus légitime pour aider d’autres femmes principalement. Même si c’est ouvert aux hommes bien entendu.

J’ai eu plusieurs coaching comme ça où le but c’est d’aider en un minimum de séances, avec beaucoup d’écoute, quelques questions, et des exercices pratiques pour avancer.

Et puis j’ai la chance de pouvoir être à plein temps depuis seulement quelques mois sur le développement de ma double activité de coach et de prof de yoga.

Auparavant, j’étais salariée, j’étais conseillère professionnelle dans la banque, donc je menais de front mes formations : une formation prof de yoga, la formation « blogueur pro « , plus mon site, plus les coachings. Donc là c’est un vrai luxe de pouvoir donner plus de dix heures de cours de yoga par semaine déjà.

Plus les cours particuliers, plus les coachings, et préparez aussi mes premiers programmes en ligne. Alors j’ai pour idée de faire : méditation anti-stress, yoga pour se reconnecter à son corps et coaching pour guérir des TCA.

EMMA : d’accord, que de beaux projets !

Et alors, j’aimerais qu’on approfondisse un petit peu plus le yoga. Finalement le yoga tu y es venue quand ? est-ce que ça a été un outil pour toi pour te libérer de ton TCA, ou cela a été postérieur ?

La pratique du yoga, équilibrante pour relier le corps et l’esprit

CLAIRE : en fait ça fait à peu près 15 ans que je pratique le yoga. Mon grand amour, ça a été la découverte du hatha yoga : la forme la plus traditionnelle où on tient chaque posture plusieurs respirations. Puisqu’en sortant de ce premier cours, je me suis sentie tellement bien : j’avais l’impression de planer sur un nuage. Et, évidemment que cela a une l importance dans l’amour de soi, dans l’acceptation de son corps.

Moi j’ai eu la chance d’avoir, on va dire, plutôt confiance en moi à part quelques complexes comme beaucoup de femmes. Mais, même en étant boulimique, même en surpoids, voilà j’arrivais globalement à m’accepter, à m’aimer. Et le yoga certainement a aidé, puisque c’est une activité, une pratique où on se sent tout de suite bien.

Vraiment, ça « paye » très vite.

EMMA : oui, c’est vrai. Cela a consolidé ton estime de toi. La confiance n’était pas trop mise à mal mais finalement tu as réinvesti ton organisme, comme vecteur, ton meilleur ami, ton vecteur de santé.

CLAIRE : exactement et puis tu vois maintenant que je suis prof, je peux encore avoir un regard différent puisque c’est comme si je consacrais presque ma vie au yoga. Cette nuit, je me suis réveillée, je n’arrivais pas à dormir : et bien, le livre que je lis en ce moment c’est « pranayama » de Van Lysebeth.

Donc Pranayama, c’est un des aspect du Hatha yoga : c’est la maîtrise de l’énergie, du souffle, par des exercices de respiration. Et puis sur mon temps libre, je fais une deuxième formation de prof de yoga.

Tout ça pour dire que le yoga est devenu une vraie passion, un vrai moteur dans ma vie. Et la guérison des troubles du comportement alimentaire il y a plusieurs années a permis de libérer en moi un espace mental.

Et, ce que je redoutais avant de guérir, c’était que ça laisse un vide et peut-être une nouvelle dépression.

EMMA : oui , c’est la crainte de beaucoup de personnes d’ailleurs.

CLAIRE : c’est pour ça que je tiens à partager ce message d’espoir : c’est de dire que non justement c’est un mal connu donc c’est plus confortable parfois d’être toujours dans le même problème. Mais c’est pas parce que vous allez sortir de ce problème qu’ il va y en avoir un autre. Au contraire, peut-être que ça va vous ouvrir des nouvelles perspectives dans votre vie. Que vous allez vous découvrir un talent, une passion, qui va (qui sait) peut-être mener aussi à une reconversion professionnelle où vous allez vous éclater faire ce que vous aimez tous les jours de votre vie et c’est tout ce que je vous souhaite parce que j’ai tellement merveilleux.

Régulation du système nerveux et émotionnel par une pratique bienveillante du yoga

EMMA : oui, c’est magnifique. Alors, tu parlais du Pranayama et c’est vrai que c’est une dimension qui est très importante dans la restauration du calme intérieur finalement, cette pratique là du yoga. Cela diminue, cela calme les tensions, régule le système émotionnel. Cela régule le système sympathique et parasympathique, sans forcément qu’on le sache, mais une fois qu’on le sait, on comprend qu’on l’a expérimenté finalement.

Est ce que tu veux parler de ce point là, éventuellement ?

CLAIRE : bien sûr, alors justement dans le livre que je suis en train de lire (et je conseille cet auteur André Van Lysebeth) à tous ceux qui veulent lire autour du yoga, ou ceux qui débutent. Parce que c’est vraiment un auteur hyperpédagogue ; et donc effectivement il parle exactement comme tu viens de dire, de cette dimension apaisante sur le système nerveux du pranayama.

Mais aussi, il conseille (et je conseille aussi) de pratiquer les postures : la dimension des ASANAS (postures) est importante parce qu’elle va nous aider à évacuer, peut-être un trop plein d’énergie et même à faire circuler l’énergie différemment dans le corps. Ça peut être des postures très simples, il n’y a pas besoin de mettre la jambe derrière la tête ou de faire le grand écart mais vous pouvez trouver maintenant plein de plein de séances de yoga débutant sur youtube ou à côté de chez vous.

Et vous allez tout de suite ressentir un changement dans votre flot de pensées. Moi j’aime bien dans mes cours faire prendre un instant aux élèves au début du cours pour voir quelle est leur météo intérieure, un peu prendre la température. Et puis pareil à la fin du cours, après SHAVASANA (posture du « cadavre »), ressentir ce bien-être et terminer une séance de yoga par cinq minutes puis dix minutes de Pranayama sur une heure. Je trouve que c’est un bon dosage.

Pour donner un exemple de pranayama qui est assez accessible, vous pouvez pratiquer la respiration carrée : donc on dessine un carré par exemple : au début on fait quatre secondes « inspire » (= temps d’inspiration), 4 secondes, « retient poumons pleins », 4 secondes « expire », et 4 secondes « retient poumon vide ». Et tu continues comme ça tu peux faire ça pendant cinq minutes. Et petit à petit on va allonger mais jamais en forçant toujours dans la douceur et dans la bienveillance.

EMMA : ça, c’est important : je reviens sur cet aspect là « jamais en forçant toujours dans la douceur et dans la bienveillance ». Le message notamment sur les personnes qui souffrent de troubles alimentaires que ce soit de l’anorexie sévère, ou de la boulimie vomitive (par exemple) dans laquelle potentiellement il peut y avoir des baisses de potassium, c’est de ne pas forcément pratiquer tout seul si vous êtes en situation délicate.

Notamment, dans certains hôpitaux la yogathérapie est utilisée. Et ils l’utilisent de façon adaptée à la personne c’est à dire qu’une personne qui est complètement dénutrie qui a 32 de fréquence cardiaque (ajout d’Emma : yoga même plutôt contre indiqué dans ce cas là) sincèrement il faut pratiquer sous la supervision d’un professeur expérimenté ou un professionnel de santé. Donc si jamais les auditeurs sont en situation difficile, délicate avec un TCA qui est sévère, il faut toujours demander bien sûr un conseil médical ou faire de la yogathérapie mais encadrée, c’est à dire qu’ils (les hôpitaux proposant cet outil) vont utiliser une activité physique adaptée. Ils ont des éducateurs pour cela, des personnes spécialisées dans les hôpitaux qui vont pouvoir savoir comment agir en fonction du trouble (activité adaptée individuellement).

Je parle de la yogathérapie dans cet article : Comment le yoga aide à sortir d’un trouble du comportement alimentaire ?

Après si le TCA est moins important, qu’il est moins sévère, effectivement vous pouvez aller glaner ces pratiques qui sont parfois très bien faites (bien expliquées) pour certains enseignants sur YouTube. Afin, de vous même vous aider à acheminer, à avancer vers un état de mieux être. Le yoga, c’est vraiment un outil exceptionnel qui permet de faire la jonction « corps- esprit » puisque c’est l’essence du mot : JUNG = yoga, l’union entre le corps et l’esprit.

C’est fondamental de retrouver ce lien corps-esprit qui a été perdu ou malmené chez les personnes atteintes de troubles alimentaires.

CLAIRE : oui, et puis il n’y a pas de compétition. Il n’y a pas de comparaison. On est vraiment guidé par nos propres sensations. Et j’aime beaucoup pratiquer les yeux fermés et je le conseille aussi (enfin peut-être pas dans tous les cours mais en hatha-yoga cela peut s’y prêter).

Et si jamais vous rentrez dans un studio vous vous sentez jugé ou mal à l’aise, testez autre chose, allez autre part parce que ce n’est pas normal. Dans le yoga, on n’est pas là pour mettre notre plus beau legging, frimer ou chercher à développer son fessier. Enfin on peut bien sûr il n’y a pas de mauvaises raisons, on peut très bien venir pour sculpter sa silhouette, mais surtout, on n’est pas là pour se juger. Donc c’est l’acceptation avant tout.

EMMA : c’est super important ce que tu viens de dire parce que justement il y a des dérives un peu sur le yoga ou vraiment, ou ce n’est que le physique qui est mis en avant. Avec des postures où la mise en valeur semble et peut être excessive (c’est alors un problème notamment pour les personnes qui souffrent de TCA). J’avoue que j’aimais bien côté le côté « posture souplesse » en fait . Et, je m’étais abonnée (pourtant je ne suis pas trop sur les réseaux) mais sur Instagram, je m’étais abonnée à quelques pages et je me suis désabonnée très vite parce que je trouvais ça très malsain. Des fois, on voyait des filles nues ou semi nues avec des postures improbables. Enfin je trouvais cela vraiment pas ce n’était pas adapté (du moins à l’idée que je me faisais du yoga).

Donc si jamais vous (les auditeurs/spectateurs) vous souffrez de TCA et que vous faites du yoga, il faut toujours rester dans la bienveillance et pas dans la performance. Le yoga peut vous nourrir intérieurement, et développer votre confiance, votre souplesse mais il ne faut pas que cela devienne compulsif ou obsessionnel pour avoir le corps comme si ou comme cela. Sinon c’est exactement contre-productif en fait.

CLAIRE : exactement donc, la règle c’est comme tu l’as fait toi spontanément, c’est de ressentir après avoir vu telle ou telle instagrameuse : est -ce que ça nous donne de l’énergie ou est ce que ça nous plombe ? Et si ça nous plombe, on stoppe. Que ce soit dans le yoga ou dans n’importe quel autre secteur. Et ce n’est pas facile quand on est dans les troubles alimentaires. Moi je ne suivais que des comptes (de réseaux) autour du fitness, de la cuisine, la nourriture et en fait ça entretient beaucoup dans cette dynamique. On est focalisé sur manger et ne pas prendre de poids : finalement des choses assez antinomiques, enfin qui paraissent antinomiques en tout cas, et qui nous entretiennent là dedans. Comme si on n’avait que ça comme passion.

EMMA : Si tu devais donner le mot de la fin, comment est-ce que tu souhaiterais conclure ?

CLAIRE : je voudrais simplement redonner un message d’espoir aux personnes qui nous écoutent que ce soit des proches ou victimes de troubles alimentaires : c’est possible d’en guérir même si ça fait des années, même si vous vous sentez seul même, si vous avez honte, accrochez vous : le plus important, c’est l’envie de s’en sortir. Et si vous croyez que vous avez tout testé ,dites vous qu’il y a au moins une chose que vous n’avez pas testé et peut-être que c’est cette chose-là qui marchera pour vous. Donc continuez à y croire, continuez à vous battre.

Et même une fois cette dimension de combats passés, lâchez prise et laissez vous aller si vous êtes dans les compulsions en tout cas pour sortir définitivement de ces mécanismes de restrictions. Aimez-vous inconditionnellement, faites comme si au début et puis ça viendra avec le temps et vous allez y arriver !

EMMA : Très belle conclusion et très beaux mots de la fin (et belle résolution des maux de la faim) !

J’ai hâte de recueillir vos commentaires en dessous de cet article 🙂

N’hésitez pas à le partager, cela peut aider des personnes souffrant d’un trouble du comportement alimentaire.

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8 commentaires sur « Témoignage de Claire : Exit boulimie et reconversion professionnelle »

  1. Encore un grand merci Emma pour m’avoir offert la possibilité de m’exprimer sur ce sujet qui nous tient tant à coeur, celui des troubles du comportement alimentaire ! Et j’espère, pouvoir apporter un peu d’espoir et des pistes de guérison à ceux qui en souffrent.

  2. Merci de ce témoignage et de ces partages d’expériences. C’est souvent grâce à ce type d’article que l’on déclenche en soi la force de faire le premier pas pour prendre rendez-vous avec un professionnel pour s’en sortir. On se rend compte alors que l’on n’est pas seul(e) et qu’il y a des solutions et que d’autres s’en sont sorti(e)s.

  3. Bravo Claire d’avoir témoigné de ton parcours, je suis sûre qu’il pourra aider d’autres personnes avec le même type de troubles, qui n’en parlent pas autour d’elles…

  4. Merci pour ce partage! L’histoire de Claire m’a vraiment aidée à aborder différemment le surpoids ou l’obésité en consultation. Désormais, j’ouvre toujours la question sur les troubles de la compulsion alimentaire et les langues se délient. Mes patients se sentent mieux compris et en confiance. Merci donc pour ces partages intimes, sans doute douloureux, vos articles et votre formation, qui font bien avancer les consciences et aident les personnes atteintes.

    1. Etablir la confiance et la connexion avec ses patient(e)s est tellement au coeur du soin et représente une des clés du succès thérapeutique. Ainsi savoir déceler chez un patient un éventuel TCA lorsqu’il est en surpoids (ou même en sous poids, ou parfois à poids normal, ce qui est souvent le dur) et l’amener à se confier, représente une grande qualité pour un professionnel de santé. En effet, cela n’est jamais facile de dévoiler l’intime, mais une fois en confiance, cela est très souvent libérateur, à la fois physiquement, mentalement et émotionnellement.

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