Dans la prise en charge d’un trouble du comportement alimentaire, les approches psychiques de thérapies brèves sont de plus en plus mises en avant.
Celles ayant fait leurs preuves sont : la thérapie familiale (en particulier chez les jeunes), la thérapie cognitive comportementale, la PNL (programmation neuro-linguistique) et d’autres thérapies dérivées (exemple : thérapie de l’acceptation et de l’engagement…).
Présentation de la thérapie cognitive-comportementale
Les thérapies comportementales et cognitives sont des prises en charge de la souffrance psychique reposant sur une méthodologie directement issue de la méthode expérimentale appliquée au cas particulier d’une personne.
Maintenant, largement connues tant du grand public que des professions de la santé, elles sont préconisées dans le traitement de troubles psychologiques variés.
Plus que les techniques qu’elles emploient, elles ont l’avantage de proposer une modélisation du fonctionnement humain basée sur les théories de l’apprentissage.
Ainsi, le postulat de base des TCC considère un comportement inadapté [par exemple un trouble du comportement alimentaire] comme la résultante d’apprentissages liés à des expériences antérieures survenues dans des situations particulières, puis maintenus par les contingences de l’environnement.
Par un nouvel apprentissage, la thérapie visera donc à remplacer le comportement inadapté par un comportement plus adapté correspondant à ce que souhaite le patient. Le thérapeute définit avec le patient les buts à atteindre et favorise ce nouvel apprentissage en construisant une stratégie thérapeutique adaptée.
Trois caractéristiques
Les thérapies comportementales et cognitives se distinguent ainsi des autres thérapies par certaines caractéristiques :
- l’accent mis sur les causes actuelles du comportement problème (pas centré sur le passé) ;
- le changement durable du comportement est évalué, et considéré comme un critère majeur de réussite de la thérapie ;
- les procédures de traitement sont décrites objectivement et sont donc reproductibles par d’autres thérapeutes pour des patients ayant des difficultés similaires.
Une efficacité vérifiée
Que les thérapies cognitives et comportementales (TCC) s’adressent aux adultes ou aux enfants, la communauté scientifique reconnaît non seulement leur efficacité supérieure dans la gestion de nombreux troubles psychiatriques mais aussi recommande leur mise en œuvre pour faire face à bon nombre de situations cliniques. Les études montrent une nette efficacité des TCC :
- Dans la prise en charge des troubles anxieux (TOC, phobie sociale, phobie spécifique, TAG, agoraphobie et trouble panique, ESPT), associées ou non à un traitement médicamenteux. Or le trouble anxieux est présent chez une proportion assez élevée de personnes atteintes d’un TCA
- Et, dans la prise en charge des troubles de l’humeur, associés aux antidépresseurs pour les formes les plus sévères et plus efficaces seules dans les formes les plus atténuées.
- Ou encore, dans la prise en charge de la schizophrénie et des TED notamment sur les aspects de remédiation, d’acquisition des habiletés sociales et de la gestion des émotions.
- Dans la prise en charge des troubles du comportement alimentaire (anorexie nerveuse, boulimie, compulsions alimentaires, et autres TCA non spécifiés dits aussi EDNOS)
Rappelons que les TCC, ne résolvent pas miraculeusement tous les problèmes, mais qu’elles sont avant tout issues d’une approche transdiagnostique que le thérapeute a pu mener. Cela va lui permettre de proposer les outils les plus adaptés au regard des différents objectifs définis avec à son patient dans le cadre de la relation thérapeutique en vue d’améliorer sa qualité de vie.
Des techniques diversifiées
Aujourd’hui, une des spécificités lorsque l’on mène une TCC est l’application de différentes techniques. D’abord comportementales dans les années 50 dans la mesure où le comportement observable seul était suffisant pour comprendre la souffrance psychologique, elles se sont enrichies au fur et à mesure du temps des réflexions cliniques intégrant des approches cognitivo-émotionnelles. Elles s’attachent à considérer dorénavant l’impact que les émotions ressenties ainsi que les pensées qu’un individu a, à propos de lui-même, de son avenir et de son environnement peuvent avoir sur sa manière d’être dans son environnement.
Dans le cadre de sa formation, le thérapeute a appris à utiliser de nombreuses techniques (désensibilisation systématique, techniques d’exposition variées, relaxation, entraînement aux habiletés sociales…) qu’il choisira d’utiliser en fonction du patient et des résultats publiés pour des troubles similaires.
Vers de nouvelles perspectives
Un autre domaine en développement est la médecine comportementale qui vise à instaurer et à maintenir des comportements favorables à la santé : gestion du stress, réduction des comportements tabagiques et alcooliques, amélioration de l’observance médicamenteuse et prévention.
Par le biais de la relaxation et du biofeedback, la médecine comportementale s’intéresse aussi à d’autres pathologies : céphalées de tension, tics, douleurs chroniques…
Soumises aux règles de l’évaluation et des études contrôlées comme d’autres disciplines scientifiques, les thérapies comportementales et cognitives continuent d’évoluer. De nouveaux domaines d’application sont à venir. Aujourd’hui, elles constituent un ensemble riche et cohérent qui permet de venir en aide à un nombre important de patients.
La TCC expliquée en vidéo
Je ne pourrais l’expliquer mieux que cette excellente émission de la chaine Dragon bleu TV réalisée et produite par Sophie Robert, qui est donc exposée ci dessous.
Les Thérapies Comportementales et Cognitives sont de plus en plus diffusées France avec un temps retard considérable avec le reste du monde. Mais leurs principes restent largement inconnus du public, tant la psychanalyse occupe encore le terrain des représentations dans le champ de la santé mentale.
Quels sont les fondamentaux des Thérapies Comportementales et Cognitives?
Existe-t’il des principes scientifiques opérationnalisables en matière de santé mentale?
Peut-on guérir d’un trouble mental, en dehors de la prise de médicaments ?
Quelle relation entretiennent les TCC avec la médication ?
Comment et par qui les TCC ont-elles été créées ?
Les psy TCC sont-ils tous d’accord entre eux sur tous les sujets ?
Contrairement au dogme, la science bouge en permanence. Le corpus scientifique des TCC évolue-t’il et dans quelle direction ?
Avec 4 éminents représentants de l’AFTCC (Association Française des Thérapies Comportementales et Cognitives) Pr Stacey Callahan, psychologue, professeure de psychopathologie à l’université. Dr Frédéric Chapelle, psychiatre et psychothérapeute TCC. Emeric Languérand, psychologue et psychothérapeute TCC. Didier Pleux, docteur en psychologie clinique, psychothérapeute TCC.
Voyons à présent comment la TCC va se révéler un outil précieux lors de trouble du comportement alimentaire.
Une TCC spécifique TCA est possible
Selon les individus et les profils concernés par un trouble du comportement alimentaire, il sera utile de déterminer si une TCC disons plus « généraliste », ou si une TCC spécifique TCA est la plus adaptée.
En effet, le mal être qui se cache derrière un TCA rend la TCC dite spécifique TCA peut être trop restreinte selon les profils. Un TCA est un problème tellement plus vaste qu’un simple problème relié à l’alimentation. Ceci est bien expliqué par Claire qui m’avait fait confiance pour partager son vécu à propos des TCA.
La TCC spécifique TCA va avoir l’énorme avantage de déconstruire, de détricoter les pensées et les peurs dysfonctionnelles liées à l’alimentation.
Elle va aussi proposer des exercices et des mises en situation concrètes. Car comme cela est mentionné précédemment, contrairement à la psychothérapie, la TCC s’inscrit dans le présent, dans l‘ici et maintenant, et n’a pas pour objectif principal de décortiquer les causes des troubles alimentaires.
Elle fait partie des thérapies brèves et nécessite entre 12 à 15, parfois 20 séances, qui sont à définir selon l’analyse fonctionnelle de l’individu : faire le diagnostic et dépister les facteurs de maintien.
Puis il faudra définir les objectifs de la prise en charge : pourquoi ? comment ? et évaluer les résultats.
Il sera important de définir initialement quelle est la demande de la personne qui consulte.
Voici concrètement dans une excellente vidéo précisant la TCC spécifique TCA :
A retenir : Concernant la perte de poids, si elle est souhaitée et souhaitable chez un individu, une méta-analyse a montré qu’aucun régime ne fonctionne pour la perte de poids. Et la seule chose qui marche est un rééquilibrage alimentaire.
En conclusion, la TCC spécifique TCA implique beaucoup de bienveillance, de non-jugement, une grande patience et une certaine contenance émotionnelle. Il est essentiel de correctement définir ses objectifs avant tout. Poser les contre indications est aussi intéressant afin de l’exclure si elle s’avère non adaptée à la personne.
Enfin, annihiler pensées et envies alimentaires est un objectif difficilement atteignable, et c’est pourtant bien souvent ce qui est attendu en priorité. Les thérapies comportementales et cognitives représentent un outil de choix pour aider à manger mieux, et à mieux manger.
La TCC doit souvent être couplée à d’autres outils (thérapies psycho corporelles), et un travail multi disciplinaire reste indispensable (suivi somatique = médical, suivi nutritionnel, et suivi psychique).
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Vous êtes un proche aidant ou un membre de la famille d’une personne souffrant de trouble du comportement alimentaire ? Ou bien vous souffrez vous même de TCA ? Je peux aussi vous conseiller de façon personnalisée.🍀
Source image en tête : Geralt de Pixabay
Je ne connaissais pas bien la TCC, merci pour ton article qui l’explique très bien et nous permet de mieux aborder les troubles de l’alimentation.
Bonjour Emma!
Un super article passionnant, qui m’a énormément parlé; à plusieurs titres. Je travaille beaucoup sur le lien entre stress et maladies inflammatoires de peau (notamment eczéma atopique). Et il s’avère que ces inflammations de peau sont très liées à des problèmes de santé mentale. J’essaie de porter le message qu’il est indispensable de prendre en charge la partie mentale / anxiété liée à l’eczéma, le psoriasis, l’acné inflammatoire, etc. Et les TCC semblent là aussi connaître des lettres de noblesse!
Je suis vraiment intéressée d’apprendre qu’il en est de même pour les TCA. Je pense qu’on assiste vraiment à un changement de pratiques dans le domaine de la psychopathologie!
Merci pour cet article qui donne espoir sur de meilleures prises en charges des maladies mentales!