Le microbiote, quel rôle dans l’anorexie mentale ?

Le microbiote intestinal est l’ensemble des bactéries peuplant nos intestins. C’est un vaste sujet d’étude suscitant un intérêt croissant ces dernières années.

Avec l’avancée de la médecine, un grand nombre de maladies semble lié à des perturbations du microbiote.

Quel est le rôle du microbiote et quelles sont ses modifications lors de l’anorexie mentale ?

Une étude récente du JAMA Psychiatry

En septembre 2021, une étude méta analytique britannique est parue dans le JAMA Psychiatry.

Cette méta analyse a passé au crible 59 études s’intéressant à la diversité des bactéries intestinales. Ceci chez les adultes souffrant de divers troubles (dits) psychiatriques : dépression, trouble du déficit de l’attention, anxiété, schizophrénie, TOC (troubles obsessionnels compulsifs), stress post-traumatique et anorexie mentale.

L’étude montre qu’il existe des « signatures bactériennes » communes aux personnes souffrant de dépression, d’anxiété, de troubles bipolaires et de schizophrénie. Or, Il est connu que lors d’anorexie mentale, il est important de dépister les co-morbidités associées. Anxiété, dépression, et troubles bipolaires peuvent être présents lors d’anorexie mentale.

L’étude complète : perturbations de la composition du microbiote intestinal lors de désordres psychiatriques, revue et méta-analyse

Les résultats de cette étude du microbiote lors de troubles mentaux

Résultats

Ces personnes présentaient toutes des niveaux accrus d’une bactérie spécifique, Eggerthella, dont on connaît déjà le rôle dans l’inflammation gastro-intestinale.

Inversement, les bactéries Faecalibacterium et Coprococcus, connues pour être anti-inflammatoires, étaient présentes à des niveaux anormalement bas chez les personnes souffrant de ces 4 troubles psychiatriques.

Cette revue suggère une similitude transdiagnostique des troubles microbiens dans le TDM (trouble dépressif majeur), le trouble bipolaire, l’anxiété, la psychose et la schizophrénie, caractérisée par des bactéries anti-inflammatoires productrices de butyrate appauvries et des bactéries proinflammatoires enrichies.

Extrait de la discussion

« À notre connaissance, il s’agit de la première revue à évaluer les perturbations du microbiote intestinal dans un éventail de troubles psychiatriques dans le but d’évaluer la reproductibilité et la spécificité des biomarqueurs microbiens potentiels de l’intestin.

Aussi, le schéma des altérations observées suggère une augmentation de l’ampleur et de la complexité de la désorganisation microbienne pour certains troubles par rapport à d’autres.

Par exemple, le plus grand nombre de taxons d’abondance différentielle était dans la psychose et la schizophrénie (136 taxons ; 11 études). Inversement, l’anorexie mentale était associée à moins de différences (32 taxons ; 10 études), malgré le plus grand nombre d’études par rapport à l’anxiété (36 taxons ; 2 études) et au trouble bipolaire (60 taxons ; 9 études).

Cela rappelle les résultats des études d’association pangénomiques. Dans celles-ci, le plus grand nombre de locus ont été associés à la psychose et à la schizophrénie suivies de TDM (trouble dépressif majeur) et de troubles bipolaires, et moins ont été associés à l’anorexie mentale, au TSPT (syndrome de stress post traumatique) et au TDAH (trouble du déficit de l’attention avec/sans hyperactivité). 

Cette complexité accrue, également reflétée dans le microbiote, est compatible avec le spectre plus large des présentations cliniques associées au premier par rapport au second ensemble de troubles.« 

En conclusion, ces résultats montrent clairement l’importance de prêter attention à la santé intestinale (et à la composition du microbiote) dans le traitement des troubles mentaux.

image : LJNovaScotia de Pixabay