Les troubles du comportement alimentaires, ou des conduites alimentaires dits TCA sont représentés pour les plus connus par l’anorexie mentale, la boulimie nerveuse, et l’hyperphagie boulimique. Ces troubles une fois installés constituent des maladies complexes et parfois difficiles à comprendre.
Si vous êtes un proche d’une personne vous semblant souffrir de troubles alimentaires, voici une liste de 13 conseils afin d’essayer d’agir au mieux avec elle, d’être soutenant car elle est probablement en grande souffrance. Il est important de préciser qu’il faut tout faire pour garder le contact avec votre proche, car la maladie les enferme et les isole.
CONSEIL N°1
Obtenez de l’information et partagez-la.
Trouver de l’information et du soutien sur des sources sérieuses et fiables. Il y a plusieurs associations, organisations qui partagent de l’information de qualité au sujet des troubles des conduites alimentaires. Vous pouvez retrouver un grand nombre d’entre elles dans la barre latérale de ma page d’accueil.
Outre les associations, des anciens malades dits patients experts ont choisi de dédier leur activité professionnelle aux soins des TCA. Elles comprennent parfaitement de quoi il s’agit car elles l’ont vécu. Elles savent quelle est cette terrible souffrance et proposent souvent des accompagnements psychiques performants. J’en parle dans mon article « l’engagement des anciens malades ou de leurs proches dans la lutte contre les TCA« .
CONSEIL N°2
Exprimez votre inquiétude, mais n’essayez pas de contrôler.
Facile à dire mais extrêmement difficile à faire, et j’en sais quelque chose ! Surtout lorsque l’on pense que la vie de son proche est en danger. Dans ce cas, il faut solliciter les professionnels de santé dès que possible. Une fois que la personne est entrée dans un parcours de soins (de préférence spécialisés en TCA), que l’on sent son adhésion aux soins, l’inquiétude diminue en général.
La personne atteinte de TCA est déjà dans l’hyper-contrôle. On dit aussi que les TCA sont une maladie du contrôle.
Toutefois, le fait de ne pas essayer de contrôler est à moduler dans le sens où cela peut tout de même aider dans certaines situations. C’est le cas dans cette famille où deux sœurs jumelles sont atteintes d’anorexie mentale restrictive. La maman s’occupe de la préparation de leurs repas afin qu’elles aient le plat qu’elles désirent, le temps qu’elles acceptent une prise en charge.
De plus, lorsque le TCA concerne une personne mineure, les dernières recommandations plaçant les parents comme co-thérapeutes visent à redonner la capacité aux parents à organiser les repas. Ceci doit se faire de façon encadrée par les professionnels compétents afin d’avoir le meilleur conseil et que l’encadrement soit adapté.
CONSEIL N°3
Ne soyez pas surpris si la personne nie son problème.
Le déni est malheureusement quasiment systématique au début de la maladie. En effet, la personne malade se sent souvent mieux dans les premiers stades car la maladie, (en particulier l’anorexie mentale), la coupe de ses émotions. Elle se forge ainsi une sorte de carapace émotionnelle et sent plus en capacité d’affronter le monde extérieur, les autres et ce qui l’angoisse. Ce n’est malheureusement qu’un leurre dont elle n’ a pas conscience. Rester présent pour l’écouter et la soutenir. Lui glisser quelques paroles bienveillantes qui lui permettront peut être d’ouvrir les yeux sur son trouble alimentaire.
Parfois le déni est juste la méconnaissance de la maladie, et les personnes une fois qu’elles ont pu mettre un nom sur le mal dont elles souffraient ne connaissent quasi pas de phase de déni. Le fait de découvrir lui même sa maladie peut être plutôt libérateur. Voyez ici comme Thomas Pouteau semble être dans ce cas.
CONSEIL N°4
Encouragez la personne anorexique ou boulimique à consulter un professionnel, formé en TCA.
Vous trouverez une liste ici de la fédération française anorexie boulimie.
Insistez, s’il le faut. Expliquez qu’il s’agit de troubles sérieux qui sont maintenant bien mieux connus et mieux pris en charge. Expliquez la nécessité de la prise en charge (il est difficile de s’en sortir seul) afin que le TCA ne devienne pas chronique et que la durée des soins soit plus courte.
CONSEIL N°5
Évitez les discussions concernant la nourriture.
La tendance à focaliser juste sur le symptôme ne fait pas avancer les choses, voire au contraire, cristallise les émotions et enferme les malades.
La nourriture n’est vraiment que la partie émergée de l’iceberg et le TCA traduit traduit un mal être bien plus profond. La nourriture n’est que le moyen par lequel le mal s’exprime.
CONSEIL N°6
Ne blâmez pas la personne.
Cela ne ferait que l’enfoncer davantage dans la culpabilité qu’elle ressent déjà ainsi que dans l’impuissance. De même qu’il ne vous viendrait pas à l’idée de blâmer quelqu’un qui a des troubles du sommeil, abstenez vous de tout jugement à son égard. En effet, les troubles alimentaires sont bien plus complexes qu’on ne l’imagine de prime abord.
CONSEIL N°7
Attention aux comparaisons : l’estime personnelle des personnes souffrant de troubles de l’alimentation est parfois fragile.
En particulier dans une fratrie, il convient d’éviter de comparer ce qui peut avoir pour effet de rabaisser la personne atteinte d’un TCA. La personne a besoin d’être valorisée pour elle même et d’être acceptée et aimée pour ce qu’elle est.
CONSEIL N°8
Faites preuve d’empathie : évitez les commentaires sur l’apparence et sur les comportements.
Le respect de l’autre, l’absence de condescendance, de jugement, l’écoute active et l’empathie sont les clés pour établir une bonne connexion et communication avec la personne en difficulté. Elle se sentira beaucoup plus soutenue et aidée. Ce n’est toujours facile à faire. Tous les aidants ont connu des phases d’énervement liés au sentiment d’impuissance. Revenir à une attitude empathique donnera quasiment toujours de meilleurs résultats. Voici un ouvrage clé d’une bonne communication : « Parler pour que mon enfant écoute, écouter pour que mon enfant parle » (principes valables entre adultes). Le livre a été décliné aussi pour les adolescents : Parler pour que les ados écoutent, écouter pour que les ados parlent.
CONSEIL N°9
Évitez de menacer ou de faire peur.
La personne atteinte de TCA est déjà stressée et anxieuse. La menacer ou lui faire peur ne ferait qu’accroitre ceci, et pourrait renforcer son sentiment de culpabilité.
Malheureusement, il est regrettable de constater certains professionnels de santé utilisent encore des méthodes menaçantes ou coercitives. Ces agissements accroissent la grande détresse qui concerne déjà les malades. Il est important de continuer à sensibiliser les professionnels de santé sur ces maladies afin de limiter les maltraitances. Les professionnels peuvent avoir à effectuer des soins chez patient contre son gré. Malgré cela, il est important de le faire avec bienveillance, d’expliquer ce qu’ils font comme mesure de sauvegarde parfois indispensable à sa survie.
CONSEIL N°10
Encouragez la personne à participer à des activités non liées à la nourriture.
C’est le principe d’une prise en charge holistique, ne pas focaliser sur le symptôme. Les thérapies psychocorporelles sont très intéressantes en ce sens. Elles permettent de sortir la personne de son enfermement, de renouer avec son corps, de reprendre confiance en soi. La yoga-thérapie, les jeux de rôles, la psychomotricité, la danse thérapie, etc : il y a une foule d’activités possibles (sans recherche de performances). Elles sont soutenantes pour les malades et les font progresser.
CONSEIL N°11
Lorsque la personne est en thérapie, lâchez prise.
Cela permet aux familles et aux proches de récupérer des forces et prendre soin d’eux. Ils pourront se remobiliser en cas de rechute (car le chemin de guérison est parfois long et non linéaire).
CONSEIL N°12
Soyez patient : cette maladie peut être longue et il est inutile d’espérer une guérison instantanée.
Toutefois, quelque soit la durée de la maladie, la guérison est en général possible avec une prise en charge adaptée. Lire le témoignage de Nicole Desportes, dans Voyage jusqu’au bout de la vie.
CONSEIL N°13
Obtenez de l’aide pour vous : recherchez le soutien de votre famille, de vos amis ou d’un professionnel.
Les TCA sont parfois cataclysmiques pour les familles et les proches qui peuvent se sentir impuissants. C’est source de stress et parfois de grande détresse psychique pour eux aussi. Des groupes de soutien et de paroles existent, en présentiel, plus souvent dans les grandes villes. Certains groupes de soutien existent aussi sur les réseaux sociaux. Choisir de préférence ceux qui définissent des règles et une charte afin de ne pas enfoncer plus la personne ou ses proches.
Ces conseils sont précieux et m’ont bien aidée en tant que parent d’un enfant ayant eu un TCA. J’espère qu’en tant que proche d’une personne atteinte de TCA, ils vous soutiendront aussi. N’hésitez pas à y revenir souvent.
Si vous avez d’autres conseils, partagez les en commentaires !
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sources : Troubles de l’alimentation : conseils pour la famille
Cela ne doit pas être évident de savoir agir face à une personne atteinte de TCA et tu livres des clés dans ton articles afin de pouvoir les aider. Bravo pour cet article complet!
Bonjour,
Je découvre cet article et votre projet de formation en ligne.
J’ai travaillé plusieurs années en prévention, promotion de la santé et je trouve que c’est une très bonne idée. Dans de nombreuses professions d’accompagnement, nous recevons une formation généraliste.Il est important de pouvoir trouver des initiatives comme la vôtre pour nous guider dans nos actions et réflexions.
Cela m’ai déjà arrivé de suivre des formations en ligne pour d’autres troubles et cela a été très utile.
J’ai, aussi, beaucoup apprécié cet article accessible et efficace. Une très bonne base pour chacun !
Enfin, en tant que maman, je voulais vous dire « Chapeau pour votre combat ». Je ne peux que respecter une maman qui a rencontré des difficultés et qui s’implique, aujourd’hui, à aider d’autres personnes qui rencontrent des difficultés similaires.
Merci pour cela.
A bientôt
Coralie
Chère Coralie, Merci beaucoup pour votre commentaire qui me touche beaucoup ! Ce combat contre la maladie de mon fils, et que l’on a mené jusqu’au bout, je veux le poursuivre pour toutes celles et ceux qui restent sous l’emprise d’un TCA, et dont la souffrance est immense. Je pense que c’est le combat de toute une vie.J’espère que les ressources créées sur mon blog et les nombreuses ressources en ligne à venir pourront aider bien d’autres personnes à enfin, voir le bout du tunnel et guérir de leur trouble alimentaire.