La musique et la chanson en particulier constituent un mode d’expression artistique et surtout thérapeutique et éducatif intéressant au sujet des troubles du comportement alimentaire.
Dans cet article, découvrons ensemble différentes chansons qui évoquent les troubles du comportement alimentaire. Nous y aborderons ensuite les messages qu’elles véhiculent. Enfin, nous verrons comment la chanson et le fait de chanter peuvent représenter un outil thérapeutique intéressant.
Les chansons au sujet des troubles du comportement alimentaire
Les chansons francophones au sujet des troubles du comportement alimentaire
June, du groupe Indochine
Je mange, clip magistral de Jean Baptiste Kalifa, parlant de boulimie.
Il cite :
La musique m’a toujours servi à exprimer mes douleurs, mes obsessions personnelles. En écrivant cette chanson et en faisant ce clip j’avais en tête de le faire pour moi déjà, pour mettre des mots et me libérer. Mais aussi et surtout pour toutes ces personnes en souffrance, majoritairement des femmes, de tous âges, perdues dans la spirale de la compulsion alimentaire.
Jean Baptiste Kalifa
Chanson sur l’anorexie de Rebecca Jalbert Gonzales. Rebecca a composé, écrit et enregistré en studio 5 chansons sur la maladie mentale. Cette dernière est encore très stigmatisée dans notre société. Cela empêche la plupart des personnes touchées de recevoir l’aide dont elles ont besoin.
Vous trouverez ici un lien très intéressant traitant de le phénomène de stigmatisation d’une autre maladie dite mentale, la schizophrénie.
Les chansons anglophones à propos des troubles du comportement alimentaire
Bones de Charlotte Martin
Beautiful de Bethany Dillon. Retrouver les paroles ici.
Beauty from pain de Superchick qui évoque la noirceur, l’obscurité de la vie de la personne malade. Vous pouvez accéder aux paroles, dans cette page.
Courage de Superchick
En voici quelques paroles traduites :
j’ai encore menti aujourd’hui
lacoccinelle.net
et j’ai surmonté ce jour,
personne n’a vu clair dans mon jeu
Je sais ce qu’il faut dire :
je ne me sens pas bien,
j’ai mangé avant de venir
Puis quelqu’un me dit que je suis belle
Et l’espace d’un instant,
l’espace d’un instant, je suis heureuse
Mais quand je suis seule,
personne ne m’entend pleurer
Pour lire la suite, cliquez sur ce lien.
Creep de Radiohead
Paper bag de Fiona Apple don’t voici un court extrait :
La faim fait mal mais la faim fonctionne quand ça coute trop cher d’aimer
Clever meals de Tegan et Sara
Skinny de Edith Backlund
Skinny de The Dollyrots
Weightless de Katie Herzig
When she cries de Britt Nicole
Dans un sujet proche, retrouvez dans mon précédent article, les chanteurs et chanteuses ayant été atteints de TCA.
En outre, dans une catégorie socio-professionnelle proche, les musiciens peuvent souffrir de troubles du comportement alimentaire. En effet, leurs de vie (tournées, spectacles…) impactent les modalités de la prise alimentaire. Le stress et la médiatisation de l’esthétique corporelle des artistes sont aussi des facteurs de risque dans cette profession. Retrouver plus de détails dans cet article sur la santé nutritionnelle du musicien.
Les messages véhiculés par les chansons parlant de troubles du comportement alimentaire
Le message global : un message indiquant le conflit Mental-corps-coeur (émotions)
Ces messages en chanson sont forts, puissants. Après leur écoute, on comprend mieux la détresse et la souffrance émotionnelle qui se cachent derrière les TCA. On dit souvent : le corps ne ment jamais.
En effet, quand nous tombons malades, quand nous faisons l’expérience de la dépression, de la toxicomanie, de l’anorexie…, c’est que nous sommes traversés par un conflit intérieur entre ce que nous ressentons et ce que nous voudrions ressentir. D’un côté, il y a notre corps, qui garde intacte la mémoire de notre histoire. De l’autre, il y a notre esprit et notre volonté conditionnés par la morale et l’éducation traditionnelles à aimer et honorer, quoi qu’il arrive.
Ainsi, on ne peut aller contre cette trivialité : le mental, les émotions et le corps ne font qu’un chez un individu. S’il n’y pas d’alignement entre ces trois entités, l’individu « tombe » malade.
Concernant les personnes atteintes de TCA, le trouble alimentaire n’est qu’un messager dont il faut décoder le sens. La chanson est un bon véhicule pour l’entourage qui n’aurait pas compris cela. Mais aussi ceux qui veulent se sortir d’un trouble alimentaire.
Les messages de ces chansons sur le trouble alimentaire
La chanson permet de mettre des mots sur des maux (tristesse -pleurs-, dépression-noir-, peur, stress, angoisse, mésestime de soi). Puis en les interprétant, de les extérioriser et de les vivre. Elle aiderait donc particulièrement les personnes qui souffrent d’alexithymie (voir mon article glossaire pour plus d’explications).
De plus, la personne atteinte de TCA a des difficultés avec son image, son reflet. Elle voit des bourrelets imaginaires (lors d’anorexie et de dénutrition). Elle est en proie au perfectionnisme, à l’insatisfaction, au désir de plaire car ne s’aime pas assez soi même.
On comprend le fait de la personne n’a pas choisi d’être malade. Le trouble s’impose à l’individu. Même lorsque cela commence par un régime (donc conscient et volontaire), le piège se referme sur sa personne. Elle entre dans l’emprise du TCA de part son terrain génétique, sa situation sociale, familiale, et les difficultés qu’elle traverse.
En outre, la non reconnaissance et la stigmatisation des maladies mentales empêchent les victimes de recevoir l’aide dont elles ont besoin.
Les troubles du comportement alimentaire sont parfois associés à d’autres troubles du comportement comme les scarifications. Mais aussi les troubles dépressifs, les états anxieux, troubles obsessionnels compulsifs, les troubles du sommeil.
Et, le combat, la bataille contre la maladie sont bien réels. En effet, les TCA ont un taux de mortalité allant jusqu’à 10 %. Une voire souvent plusieurs hospitalisations sont fréquemment nécessaires dès lors que la personne est sous emprise.
Enfin, le refuge dans les troubles alimentaires procure comme une anesthésie émotionnelle après une rupture ou un amour déçu.
Les pouvoir thérapeutiques de la chanson et de chanter
Mettre des mots sur des maux, en chanson, c’est pouvoir se libérer du poids de ses émotions. Ainsi, elles sont extériorisées. La chanson c’est d’abord l’écriture (on reviendra sur le formidable pouvoir cathartique de celle ci dans un article dédié), puis la modalité pour l’exprimer : le chant qui fait vivre et vibrer l’écriture.
De plus, La chanson permet de transmettre ses émotions et ainsi être mieux compris. Le TCA est le messager de la faim (ou non faim), qui est un appel à la vie, à la non fin. Le mal être s’exprime comme il peut et pas comme il veut.
Revenons à nos moutons, euh, à nos chansons : la chanson se compose de la musique et des paroles.
Déjà, la musique seule, la mélodie stimule plusieurs zones du cerveau : elle sollicite alors le corps, l’âme et l’esprit. En plein dans le mille ! on entre dans le domaine très spécifique de la musicothérapie que fera l’objet d’un article dédié. Mais si vous voulez déjà une référence à vous mettre sous la dent, c’est par ici. A noter toutefois que 5 % des individus ne seraient pas sensibles à la musique. Chez ces personnes, l’IRM a montré que les connexions liées à la récompense et celles liées au traitement sonore sont plus faibles que chez les autres individus. Pour cette raison, le malade doit choisir les outils thérapeutiques qui lui plaisent le plus. Il doit déjà avoir une appétence pour ses outils.
Passons aux paroles qui finalement rassemblent assez souvent écriture et poésie, voire philosophie. Pour composer un texte, on commence par fredonner des paroles, parfois sur un air connu. Par exemple : « on s’est connu, on s’est reconnu, on s’est perdu de vue… », puis on poursuit ensuite, cette fois-ci avec ses propres mots. Sur l’air d’une chanson, celle qui raconte alors son histoire de vie.
En effet, face à des chansons connues, l’hippocampe stocke les souvenirs de la mémoire à long terme et les émotions, et se réactive.
En ce sens, écrire les paroles pourrait ainsi faire remonter à la surface des traumatismes enfouis dans l’inconscient, permettant de s’en libérer.
De plus, le fait de chanter permet aussi de travailler le souffle, la respiration. Cela libère ainsi le diaphragme, le sternum et les émotions imprimées dans le corps. Mon article sur l’ostéopathie dans la gestion des TCA parle de la notion de blocage sternal).
Enfin, la scène, la montée sur scène du corps, si tant est qu’elle soit dénuée de tout objectif de performance, peut parfois aider à mieux accepter son corps. Ceci est favorisé par les sensations corporelles positives associées à la pratique de la scène (comme le ferait le théâtre d’ailleurs).
Pour conclure, nous avons vu que la chanson peut constituer un formidable outil pour les personnes atteintes de TCA. Une délivrance, une prise de conscience, une réminiscence. Pour faire sens à ses accoutumances, à ses dépendances. Pour une régénérescence de l’être souffrant de troubles alimentaires.
Si vous avez aimé cet article, dites le moi dans les commentaires et partager le.
Bonjour, je découvre cet article avec plaisir car en effet, un amour déçu, une séparation peuvent provoquer un TCA.
J’ai adoré la chanson de JB Kalifa.
« L’amour qui nous manque, on ne peut pas le manger »
Puissant.
Merci pour cet article intéressant 👍
Merci Milie pour ce commentaire. En effet les ruptures amoureuses sont des déclencheurs assez fréquents de TCA. Je m’en rends compte en lisant les témoignages des gens sur les réseaux sociaux. Beaucoup sont en grande souffrance. J’espère que le temps, les bons outils thérapeutiques et les soignants qui leur correspondent viendront à bout de leurs troubles alimentaires.