Dans cet article, je vous relaie des éléments importants issus du podcast original en anglais de Ginny Jones, unecoach pour les parents d’enfants souffrant de TCA. Elle propose des exercices pratiques, des informations, des idées pour soutenir les parents et les aider eux même à accompagner leur enfant/ado souffrant d’un TCA.
Dans le podcast, Ginny Jones, répond à un parent qui se demande comment il peut empêcher son fils de « purger » : il faut comprendre ici de vomir (au sens de vomissements provoqués).
Elle examine pourquoi les gens atteints de TCA « purgent », comment comprendre ce besoin impérieux. Comprendre cela peut aider les parents/proches à agir plutôt qu’à réagir.
Ensuite, elle parle de la façon dont vous pouvez remplacer la « purge » par un réconfort émotionnel et des soins.
C’est une compétence que les parents peuvent apprendre et pratiquer, et cela prend souvent du temps car la personne malade est vulnérable et gênée par ses comportements (qu’elle essaie de dissimuler).
Pourquoi une personne purge ?
Pourquoi ceci arrive ? Cela semble étrange, mais c’est une forme de « copping » (traduction : faire face à une difficulté).
Il faut trouver le pourquoi, pour ensuite contrôler ou plutôt éteindre le comportement . Pour y arriver, il ne faut pas se contenter de contrer le comportement en surface mais plonger à la racine du trouble.
La personne malade met en place un comportement d‘auto apaisement en « purgeant », ce qui signifie qu’elle souffre d’un dérèglement émotionnel.
=> Le besoin fondamental est donc ici un besoin d’apaisement (et son corps a répondu par le vomissement provoqué car il n’a trouvé que ce moyen là, à ce moment là).
En tant que parents ou proche aidant, il faut donc d’abord apporter du réconfort.
Puis ensuite trouver avec lui/elle, les outils et l’aider à développer les compétences pour s’apaiser seul, sans recourir au comportement de purge.
Tant que le besoin fondamental de réconfort n’est pas résolu, le comportement de purge continuera. Et, plus l’isolement se renforcera, malheureusement.
En tant que parents, nous sommes biologiquement programmés pour réconforter nos enfants. C’est dans notre ADN. Mais culturellement, de nombreux parents ne savent pas comment apporter le réconfort dont leur jeune a besoin. Et souvent ils se découragent. C’est peut être encore plus vrai pour le garçon.
Il faut donc découvrir quel besoin émotionnel n’est pas comblé.
Qu’est ce qui doit être exprimé chez la personne malade mais qui ne peut pas l’être ?
Nous appartenons au règne animal et sommes des êtres sociaux et émotionnels. Et malheureusement, nous souffrons tous et luttons tous. Mais parfois il y a des souffrances que l’individu ne peut supporter, ce qui conduit au comportement indésirable destiné à l’auto-apaisement, mais qui n’est pas approprié.
Donc, en tant que parents, ou aidant, il est important de ne pas se focaliser sur le comportement de purge mais sur le besoin fondamental qui n’est pas couvert. La clé en tant qu’aidant est donc de se focaliser sur le réconfort émotionnel. On répond donc ainsi à la cause sous jacente du comportement : le besoin de réconfort et d’apaisement des tensions intérieures.
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Comment apporter le réconfort ?
Il est crucial pour le parent ou le proche de trouver la méthode qui va permettre de contribuer à l’apaisement de la personne malade.
Réfléchir avant d’agir lors du comportement indésirable
La première étape pour apporter du réconfort est d’analyser ses propres émotions lorsque l’on est confronté à cette situation. En effet, nous avons tendance à réagir plutôt qu’à réfléchir à ce qui les conduit à faire cela, et donc parfois à utiliser une réponse inadaptée.
Réagir avant de réfléchir n’est pas la bonne option.
Et nous réagissons souvent de la mauvaise manière (l’empêcher par exemple d’aller à la salle de bain ou aux toilettes ; ceci est malheureusement trop souvent pratiqué dans les hôpitaux faute de moyens humains, et lié aussi à la gravité du trouble) .
Ainsi après avoir muri la réflexion, nous trouvons la réponse plus appropriée à l’enfant pour répondre au besoin fondamental qu’il n’arrive pas à combler.
Lorsque nous faisons cela, nous parvenons à réguler notre état émotionnel, mais aussi le sien. On parle alors de co-régulation. Et tous les humains en sont capables.
Le travail de co-régulation parent/enfant ou parent/ado ou proche/personne malade
La co-régulation apprise avec les parents donne à l’enfant les fondements et les capacités pour apprendre à s’auto-réguler sur le plan émotionnel.
En effet, nous ne sont pas des êtres solitaires mais sociaux. Et, nous communiquons de façon non verbale, via notre système nerveux et plus précisément nos sensée nos attitudes (langage non verbal). Ceci influe sur notre système nerveux et le régule.
Une fois que le parent régule son propre système émotionnel, en réfléchissant avant de réagir, il est plus adapte à répondre de façon adaptée à son enfant, et donc d’apporter un soutien efficace.
Ainsi, par exemple, plutôt que de questionner pourquoi il/elle va à la salle de bain, il convient plutôt d’adresser le besoin de soutien affectif et émotionnel dans ce moment précis.
C’est beaucoup de travail de compréhension, mais moins que le fait d’essayer de contrôler à tout prix le comportement de purge (ce qui est impossible en fait).
Il est intéressant pour les parents d’apprendre à détecter l’état émotionnel de leur jeune qui précède le comportement de vomissement.
Ceci requiert énormément de vigilance et n’est pas évident.
Cela peut demander du temps pour analyser les situations qui précèdent ce comportement. Dès que le parent sent le trouble émotionnel, il est alors temps d’offrir au jeune le moment de réconfort dont il a besoin.
Comment faire en pratique ?
Les quatre étapes
1/ regarder le jeune dans les yeux avec un regard tendre et compréhensif
2/ parler gentiment
3/ toucher le jeune, le prendre dans ses bras
4/ lui parler et lui exprimer que vous avez remarqué que quelque chose n’allait pas
Toutes ces étapes sont fondamentales pour vous connecter efficacement à l’enfant /ado en état de stress, et amener à éteindre le comportement pathologique qui nait en lui, celui de l’impériosité du vomissement.
Développer cette compétence peut prendre du temps pour l’aidant
Cela peut être difficile à mettre en oeuvre pour les parents qui ne sont pas outillés pour, c’est à dire qui n’ont pas reçu de leurs propres parents cette aptitude de co-régulation.
Mais il n’est jamais trop tard pour apprendre et grandir.
Et même si nous n’avons pas bénéficier de cet apprentissage durant notre enfance, nous pouvons toujours apprendre cette compétence et la transmettre à nos enfants.
Les TCA sont pour une grande partie liés à des dysfonctionnements émotionnels et se géreront donc si l’on adresse, si l’on prend en charge les émotions.
Lorsque le trouble est sévère et que la personne ne parvient donc pas à trouver elle même les ressources d’apaisement, il faut qu’elle les trouve dans des personnes ressources de confiance, bienveillantes, calmes et apaisantes.
Des personnes avec lesquelles se connecter sur le plan émotionnel, affectif.
Un jeune en proie à un TCA essaie de résoudre son désordre émotionnel par le trouble alimentaire. Cela n’est pas choisi mais s’impose à lui/elle. C’est la façon qu’ils/elles ont trouvé à ce moment pour résoudre leur tension émotionnelle. Ils ne savent pas, ou n’ont pas trouvé d’autres options pour se sentir mieux.
Ainsi lorsqu’un parent apprend cette compétence et l’utilise, cela constitue une aide précieuse.
Du temps nécessaire pour accepter le réconfort
Il peut y avoir une réaction de rejet de la part de la personne malade, qui vous dit de partir.
Mais cela ne signifie pas que le parent ou l’aidant s’y prend mal (et qu’il n’apporte pas la bonne réponse). C’est que le trouble est plus fort, que la honte et la douleur trop importantes.
Et pour que l’aidant parvienne à appliquer efficacement cette méthode nouvelle (= d’apport de réconfort et d’apaisement), il faut du temps et plusieurs essais pour permettre à la personne malade d’accepter le réconfort pour enfin trouver l’apaisement.
Les relations sont comme une danse. Il est nécessaire d’avancer pas à pas, en fonction de la réponse de l’autre. Développer une nouvelle compétence relationnelle est toujours difficile au départ.
Cela prend du temps, de la pratique et délicatesse. Mais c’est la pratique la plus puissante que vous pouvez développer en tant qu’aidant. C’est une grande opportunité, un challenge et une responsabilité en tant que parents de développer cette compétence.
S’inscrire sur un temps de parole long, dans un climat de confiance et d’empathie est aussi beaucoup abordé par Solange Cook Darzens. J’en parle dans cet article : « l’ouvrage clé que tous les thérapeutes et parents devraient lire«
En conclusion, le proche aidant ou le parent d’une personne souffrant d’un TCA et notamment de vomissements provoqués doit apprendre à développer la compétence d’apporter apaisement et réconfort efficaces, avec tact et empathie, pour parvenir à éteindre progressivement ce comportement alimentaire de purge. Et ceci jusqu’à ce que la personne malade trouve des ressources d’auto-apaisement non destructrices. L’aide appropriée et le soutien des proches sont des précieux outils, souvent à combiner à des mesures de prise en charge médicales et psychothérapeutiques.
Merci pour ces ressources! Quand on n’y a jamais eu affaire auparavant, c’est toujours difficile de savoir comment réagir face à ce type de situation. Merci pour ces précieux outils
Merci pour toutes ces infos! on peut effectivement se sentir désarmée et ne pas savoir comment réagir face à cette situation, grâce à toi nous avons plus d’éléments ;).