A travers les médias modernes, l’image de la femme est aujourd’hui omniprésente … Cette image est riche et multiple. Mais le plus souvent cette image publique est décalée par rapport à la femme réelle, car elle véhicule un idéal, un fantasme sexuel, un symbole et toute une multitude d’éléments.
Voyons comment était représentée la femme à travers l’histoire depuis la préhistoire jusqu’à nos jours.
Puis nous verrons comment la société actuelle a le pouvoir de menacer l’intégrité mentale des femmes par des diktats largement véhiculés et des idéaux surréalistes. En effet, ce n’est pas un hasard si les troubles du comportement alimentaires sont plus prégnants dans nos sociétés occidentales.
Enfin, examinons comment lutter contre ces phénomènes sociétaux dévastateurs en étudiant divers mouvements ou communications menés par les femmes qui assument leur vraie image, leur vraie personnalité et refusent que leurs images soient déformées.
L’image de la femme à travers l’histoire
De la préhistoire à nos jours, examinons une série de représentations de la femme, véhiculées à travers différents moyens : sculpture, poterie, peinture, photographie, croquis, poupée…
L’image de la femme à la préhistoire
Des figurines sculptées datant de la préhistoire (période du gravétien)
montrent des formes rondes et généreuses de la femme. La plus connue est la Vénus de Willendorf. Elle représente aussi le symbole de la fécondité et de la maternité.
Puis, dans la période préhistorique plus proche de nous, au néolithique, on retrouve dans l’art pariétal (parois des grottes) des représentations de femmes plus longilignes et dansantes.
L’image de la femme dans l’antiquité
Dans l’antiquité, Aphrodite symbolise l’image de la femme antique. Aphrodite est sculptée mi nue au sortir du bain, véhiculant l’image d’une féminité forte.
L’image de la femme au moyen âge et à la renaissance
Puis, au moyen âge, voici une photographie d’une mosaïque de femmes
A la Haute renaissance, le portrait de Mona Lisa ou la Joconde, de Léonard de Vinci est l’une des représentation du visage féminin les plus célèbres au monde.
L’image de la femme dans les temps modernes
Dans les années 50, c’est l’image de la bonne ménagère qui est la plus répandue mais l’image de la femme objet commence à se répandre, notamment avec l’influence américaine.
Ci dessus, on peut y voir la parfaite ménagère, svelte tout de même, prenant soin de toute la famille.
Dans les années 50, et notamment sous l’influence des Etats Unis, l’image de la femme qui est mise en avant commence dangereusement à s’éloigner des attributs communs des dames ! Les jambes sont élancées, une taille de guêpe pas vraiment physiologique excepté chez les prépubères mais tout de même une poitrine généreuse, et pas une once de cellulite (qui concerne tout de même plus de 90 % des femmes et est physiologique).
De nos jours, des stéréotypes avec des images de femmes hypersexualisées envahissent notre quotidien. Et voici un stéréotype très connu incarné sous forme de la non moins célèbre poupée (on enrôle le public très jeune comme cela) que je ne citerai pas, mais dont l’indice de masse corporelle n’est bien entendu pas dans les valeurs normales.
Lisez Absolument cet article pour vous en convaincre !!! Si Barbie était vivante, elle ne tiendrait pas debout. Cette étude fait partie d’un rapport sur les désordres alimentaires et les problèmes des jeunes filles avec leur image.
L’image idéale représente une menace pour la santé mentale
La femme « idéale », la femme objet utilisée à des fins commerciales
Le poids de l’image grandissant à travers l’histoire accentue de façon très significative l’incidence des troubles du comportement alimentaire. Notre société inculque des stéréotypes de femmes idéales, et ceci dès le plus jeune âge, qui vont de pair avec le mode consumériste actuel.
Nombreuses sont les publicités qui utilisent le corps de la femme à des fins commerciales. Savon, parfum, voitures, vêtements…Jusqu’aux publicités clairement sexistes, mettant la femme en position de soumission et de vulnérabilité et les hommes en position de dominance et de contrôle.
La société est un milieu de diffusion de bonnes et de mauvaises représentations corporelles, un vecteur possible d’épidémie qu’il s’agit d’enrayer.
Sans surprise, des études montrent que la plupart des femmes se sentent moins bien dans leur peau après avoir lu des magazines de mode.
Les preuves scientifiques de l’impact de l’image sur la santé mentale
Voici une explication scientifique sérieuse issue de la thèse de doctorat présentée par Anne Laure Moscone en 2013 intitulée : « troubles de l’image du corps et troubles psychologiques associés dans l’anorexie mentale : mécanismes sous jacents et proposition de régulation par des activités physiques adaptées ».
Dans le but d’expliquer comment les facteurs socioculturels contribuent à l’augmentation du niveau d’insatisfaction corporelle et à l’émergence des troubles du comportement alimentaires, Thompson, et ses collaborateurs ont développé le “Tripartite
Influence Model” en 1999.
Ce modèle se compose des trois grandes sources d’influence socioculturelle les plus souvent citées dans la littérature (i.e., pairs, parents, médias), supposées avoir un impact sur l’insatisfaction corporelle et participer au développement d’un TCA selon deux mécanismes qui sont la comparaison sociale et l’internalisation de l’idéal de la minceur.
Puis, Shroff et Thompson (2006) se sont proposés de re-tester ce modèle de Thomson auprès de 391 jeunes adolescentes âgées de 10 à 15 ans. Les auteurs ont ainsi, légèrement modifié le modèle original en séparant distinctement les trois influences sociales.
Leurs résultats mettent en évidence que les médias ont un impact plus important que les parents ou les pairs dans le développement et le maintien de l’insatisfaction corporelle et de la restriction alimentaire.
Les différentes actions menées pour renouer avec une image non stéréotypée de la féminité
Des campagnes de sensibilisation
L’engagement de Dove
Au début des années 2000, alors qu’une vague d’anorexie mentale gagnait les Etats Unis, Janet Kestin lance une campagne Real Beauty de Dove, destinée à briser les stéréotypes. Elle cite :
Le succès de Dove a donné naissance à une sous-industrie de la publicité, que certains appellent la Dovepublicité («Dove-vertising»), où plusieurs imitent la marque, mais peu tentent de rompre avec les anciens comportements ou d’innover par rapport à Dove.
Janet Kestin
Depuis une quinzaine d’années d’ailleurs, Dove a crée le projet pour l’estime de soi destiné à aider les jeunes, mais aussi les parents, les mentors, les enseignants et les intervenants à inculquer des principes sur l’estime de soi. Un guide « je suis unique » est téléchargeable ici.
Des campagnes « Body positive »
De nombreuses campagnes « body positive » dénoncent les stéréotypes et prônent la diversité des corps et l’acceptation de soi.
L’accueil de ces campagnes est systématiquement positif. Ainsi, montrer cette diversité des corps permettrait de réduire la pression de la société sur l’apparence physique qui peut notamment être à l’origine de troubles du comportement alimentaire chez les jeunes femmes. Un article de Doctissimo vous en parle ici.
Des témoignages
Le témoignage d’une mannequin
Pour ma part, j’ai vraiment beaucoup apprécié l’intervention lumineuse de cette jeune femme, mannequin, qui est bien dans sa peau et véhicule une image de la femme positive et épanouie.
« Il faut arrêter de se martyriser pour rentrer dans des standards de beauté qui ont été inventés. »
Aglaë Dreyer
Aglaë est une mannequin qui ne fait pas l’impasse sur un verre de vin ou un dessert. En clair, elle profite de la vie ! Regardez absolument cette courte vidéo ci dessous !
Le point de vue de la psy
Selon Sandra FM, psychologue, vouloir perdre du poids vous pourrit bien plus la vie que votre poids, c’est par ici :
Des influenceuses
Non aux logiciels de retouche !
Une influence britannique Danae Mercer, très active sur Instagram, dénonce les logiciels de retouches photos et vidéos et prône l’acceptation de soi et l’amour de soi. Elle cite :
« Internet (…) n’est pas un miroir, ou un outil de comparaison. Il met en lumière des millions de moments. C’est prémédité. Souvent, c’est du paraître. Alors ne comparez pas cette facette à votre réalité «
Elle est partisane du mouvement « Body positive ». Pour en savoir plus, consulter cet article. Voici une autre de ses courtes vidéos afin de positiver sur la cellulite qui concerne, on le rappelle, une grande majorité de femmes et est physiologique.
Aimer son corps au delà de son poids et de son image
Amina Sutter a souffert de boulimie pendant plusieurs années et a fini par trouver les ressources pour guérir de son trouble alimentaire. Elle a créé de nombreuses vidéos gratuites sur Youtube afin d’aider des personnes à sortir d’un trouble alimentaire. Elle explique comment changer l’image de son corps ici :
En conclusion, il est indéniable que la tendance sociétale consumériste et la médiatisation déformée de l’image du corps idéal de la femme ont créé une vague sans précédent de troubles du comportement alimentaire. La question de lutte contre les troubles du comportement alimentaire est devenue celle de la classe politique. Ainsi, la loi mannequin en France est entrée en vigueur le 1er octobre 2017 et vise à écarter les mannequins dont l’IMC est inférieur à 18.5. Ce n’est qu’une toute petite mesure face à l’ampleur de ce qu’il faudrait envisager pour déconstruire ces stéréotypes mis en avant depuis quelques décennies.
Si vous avez aimé cet article, merci de le partager autour de vous et aux personnes concernées par les troubles du comportement alimentaires, leurs proches et leurs thérapeutes.
sources :
1/Femmes | L’histoire par l’image (histoire-image.org)
2/Représentation des femmes en Occident — Wikipédia (wikipedia.org)
3/Vers la découverte de l’image de la femme au travers de l’Histoire et de la publicité …… – Le blog de femme-dans-la-publicite (over-blog.com)
4/L’évolution de l’image des femmes – Archives départementales du Puy-de-Dôme (puy-de-dome.fr)
5/L’image de la femme dans les médias et dans notre société – (francenetinfos.com)
6/Troubles de l’image du corps et troubles psychologiques associés dans l’anorexie mentale: mécanismes sous-jacents et proposition de régulation par les activités physiques adaptées (archives-ouvertes.fr)
Images :
Image « Vénus de Willendorf » est sous licence sous par ivovisualistaCC BY-NC-SA 2.0
Image Aphrodite par NakNakNak de Pixabay
Image de mosaïque femmes au moyen âge par Bicanski de Pixnio
Image Pin up girl par Please Don’t sell My Artwork AS IS de Pixabay
Image barbie par ErikaWittlieb de Pixabay