Les troubles du comportement alimentaire représentent des troubles extrêmement complexes qui touchent toutes les sphères de notre corps.
Le mental, le corps, et le coeur (c’est à dire les émotions) sont affectées dans les TCA. Ainsi, leur prise en charge se doit d’être multi-modale (= pluri-disciplinaire).
Chacun doit pouvoir choisir dans une boite à outils thérapeutiques, ceux pour lesquels il est le plus réceptif. Le choix des outils sera orienté par une équipe spécialisée en TCA après le recueil des grandes lignes de l’histoire de vie du patient. L’EMDR, figure parmi ces outils de la boite à outils.
L’EMDR, quel est cet outil thérapeutique?
Définition de l’EMDR
Les initiales EMDR signifient Eye Movement desensitization and reprocessing. C’est à dire désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires.
L’EMDR, le principe
L’EMDR va utiliser une stimulation sensorielle bi-alternée droite gauche : celle ci s’exerce grâce à des mouvements oculaires. En pratique, le patient va suivre les doigts du thérapeute qui passent devant ses yeux de droite à gauche. La méthode EMDR a été élargie avec des stimuli tactiles et auditifs. Le patient peut être équipé d’un casque lui faisant entendre des sons alternativement à droite puis à gauche. les sons tactiles peuvent être utilisés, en touchant la main (ou le genou) droite puis gauche.
Découverte de l’EMDR
En 1987, Francine Shapiro, psychologue américaine a trouvé par hasard un moyen très simple de stimuler un mécanisme neuropsychologique complexe présent en chacun de nous.
Ce moyen permet de retraiter des vécus traumatiques non digérés à l’origine de divers symptômes, parfois très invalidant. L’EMDR, utilisée maintenant depuis plus de 30 ans fait ses preuves dans le monde entier.
Elle est très utile notamment dans les états de stress post traumatiques appelés aussi psychotrauma. Elle indiquée aussi lors de troubles anxieux, d’affections psychiatriques de longue durée, de dépression, de dépendances (drogue, alcool, alimentation).
L’EMDR est recommandé par la Haute Autorité de Santé (HAS), l’organisation mondiale de la santé (OMS), et l’INSERM.
Quels sont les symptômes de l’état de stress post traumatique ?
Les perturbations s’expriment sous forme d’irritabilité, angoisses, cauchemars, reviviscences et ruminations à propos du vécu traumatique.
Il y a aussi tendance à l’isolement, état dépressif, comportement agité voire violent. Ou encore douleurs physiques, somatisations, régression et/ou répétition des violences chez l’enfant, …
La chronicisation du trouble peut entraîner dépression, addictions, trouble du comportement alimentaire (anorexie, boulimie,…), attaques de panique, phobies, …
Déroulement d’une séance d’EMDR
Des séances de préparation préalables
Cette thérapie a un effet puissant de cette thérapie sur le psychisme du patient. Ainsi une préparation est indispensable. Les entretiens préliminaires vont permettre :
– la construction d’une relation thérapeutique de confiance avec son praticien ;
– l’identification avec le thérapeute d’une problématique actuelle susceptible d’être traitée en EMDR, puis les souvenirs traumatiques à l’origine de ces difficultés ;
– et enfin la mise en place des outils psychocorporels de stabilisation émotionnelle qui peuvent être utilisés en cours de séance ainsi qu’en pratique autonome entre les séances.
Cette image permet d’ illustrer le propos ci dessus. La problématique identifiée à traiter serait le trouble du comportement alimentaire. Les souvenirs traumatiques à l’origine de cette difficulté pourraient être par exemple des violences sexuelles, du harcèlement scolaire, une rupture amoureuse, le divorce des parents…
Un processus de traitement conscient
Les souvenirs perturbants identifiés sont ensuite retraités, un par un, lors des séances, à l’aide des stimulations bilatérales alternées.
Parfois, plusieurs séances sont requises pour traiter un seul souvenir. Pour les enfants, selon leur âge, le traitement EMDR peut se faire avec leurs parents.
Le processus psychique de traitement activé par la méthode est un processus conscient. Il correspond à ce que fait naturellement notre cerveau quand il ne se bloque pas.
Pour commencer, le praticien demande au patient de se concentrer sur le souvenir traumatique, en gardant à l’esprit les aspects sensoriels les plus perturbants (image, son, odeur, sensation physique), ainsi que les pensées et ressentis actuels négatifs qui y sont associés.
Ensuite, le praticien pratique des stimulations bilatérales alternées rapides, en série. Entre chacune des séries, le patient énonce ce qui lui vient à l’esprit.
Il n’y a aucun effort à faire pendant la stimulation pour obtenir tel ou tel type de résultat. L’évènement se retraite spontanément et différemment pour chaque personne selon son vécu, sa personnalité, ses ressources, sa culture.
Le praticien continue les stimulations jusqu’à ce que le souvenir ne génère plus de perturbations mais soit mis à distance, « effacé », ait perdu sa vivacité. Ensuite, toujours avec des stimulations bilatérales alternées rapides, il aide le patient à associer à ce souvenir une pensée positive, constructive, apaisante, et à évacuer d’éventuels restes physiques désagréables.
Une séance d’EMDR dure de 60 à 90 mn, pendant laquelle le patient peut traverser des émotions parfois intenses. En fin de séance, il peut généralement ressentir une amélioration nette.
En vidéo, cela donne, ça :
ATTENTION, l’EMDR doit être pratiquée par des personnes certifiées et formées par EMDR France ou EMDR Europe. Pour trouver un praticien certifié en EMDR, cliquez ICI.
Présentation de cas concrets où l’EMDR a aidé significativement les personnes atteintes de troubles du comportement alimentaire
Retrouvez ici un excellent article de synthèse écrit par le Dr Gérard Ostermann concernant l’utilisation de l’EMDR dans les troubles du comportement alimentaire.
En cliquant ici, vous trouverez aussi un long article sur le site de l’association Autrement. C’est un article très complet et enrichissant au sujet des thérapies d’intégration neuro-émotionnelle auxquelles l’EMDR appartient.
Exemple d’une patiente atteint de boulimie
Dans la vidéo ci dessous, après un rappel des principes, le cas d’une personne atteinte de boulimie est exposé. L’EMDR a permis d’aider cette personne alors qu’aucune thérapie ne fonctionnait jusqu’à présent.
Exemple de personnes atteintes d’anorexie mentale
Chez une autre patiente de 17 ans atteinte d’anorexie nerveuse avec un IMC de 14, l’EMDR a été utilisée pendant 6 mois. La patiente a guéri avec un IMC de 21 à l’issue de cette prise en charge. Son attachement était devenu autonome et elle avait repris confiance en elle. Pour l’article en détail, suivez ce lien.
Suivez aussi ici, le parcours de Annie, 13 ans ayant souffert d‘anorexie et bénéficiant d’EMDR pendant 10 mois.
Enfin, il vous faut ABSOLUMENT lire un témoignage incroyable et émouvant d’une jeune personne ayant souffert d’anorexie , c’est par ICI.
En voici un extrait :
Je pense tout simplement que si M. Cauver ne m’avait pas mis « un bon coup de pied au cul », je serai morte. J’ai donc fais deux séances d’EMDR très éprouvantes qui m’ont permis rapidement de faire le deuil des deux années d’atroces souffrances que j’avais traversées et endurées…avant de s’occuper de mon anorexie. J’ai vu en formation M. Cauver une vingtaine de fois environ.
emdr-renaissance.fr
En conclusion, la méthode EMDR a révolutionné la conception et la pratique de la psychothérapie car elle permet un traitement accéléré de l’information dysfonctionnelle lors des syndromes post-traumatiques. Elle autorise une résolution beaucoup plus rapide qu’avec les théories classiques. Bien qu’il n’y ait pas de statistiques sur le taux de réussite de l’EMDR dans le traitement de TCA, le taux global de réussite globale de l’EMDR se situe entre 70 et 80 %.
Si vous avez été soigné avec l’EMDR pour solutionner votre TCA, je vous serai reconnaissante de témoigner dans les commentaires. Vous pouvez me contacter via le formulaire de contact afin de témoigner en audio ou en vidéo.